mardi 29 décembre 2015

FETE DE CLOTURE



L'info n'est guère parvenue jusqu'à nous, mais elle mérite pourtant qu'on s'y arrête, tant elle est significative de ceux que certains appellent déjà "l'Orbanisation de l'Europe", c'est à dire l'avènement d'une Europe national-populiste à la Viktor Orban, qui fait tâche d'huile et contamine presque l'ensemble des classes politiques européennes.
En novembre dernier, la Slovénie, emboîtant le pas à la Hongrie, réalisait l'un des rêves humides du militant FN de base, en déployant des fils de fer barbelés le long de sa frontière avec la Croatie, dans le but d'arrêter le flot des réfugiés qui remontent la péninsule balkanique pour rejoindre les terres riches et travailleuses d'Europe du nord. La coalition de "centre droit" qui dirige actuellement la Slovénie semble frappée de strabisme divergeant vers les extrêmes.


lundi 21 décembre 2015

HARDCORE DE DAYTON

"Seulement 4 millions de personnes ont la chance de vivre en Bosnie-Herzégovine, 
les autres n'ont pas cette chance...mais ils ont tout le reste."

Dans la société multimédiatique qui est la nôtre, les commémorations et autres anniversaires de faits d'histoire récente ont quelque chose à la fois d'irritant et de dérisoire. Des événements qui avaient complètement disparu des radars remontent à la surface et occupent l'espace médiatique, au point qu'il est impossible d'y échapper. Tout le monde y va de son dossier, reportage, enquête, retour, rappel, et l'on finit par se sentir soi-même obligé d'y apporter notre grain de sel, mû par ce vieil esprit de meute qui sommeille en nous, et à qui notre mode de vie hyper-connecté a donné une nouvelle dimension. Tout ça dure quelques jours, peut-être une semaine, puis s'efface et replonge dans l'oubli et le silence jusqu'au prochain "anniversaire", lequel sera à nouveau ressorti des placards sur des délais symboliques et faciles en termes de repères temporels : un premier point 5 ans après, puis on passe aux dizaines, quinzaines, jusqu'aux 20 ans où on fera un effort spécial dans le "buzz" commémoratif.

Certaines de ces commémorations multimédiatiques donnent l'impression qu'on rallume brièvement la lumière et qu'on dit "ah, tiens, vous êtes là, vous ? Dites donc, ça n'a guère changé chez vous! Vous auriez pu passer l'aspi et redonner un petit coup de peinture. Bon, allez, je vous laisse. Au revoir!".

Telle est la sensation qu'on peut avoir avec les 20 ans des accords de Dayton. Comme pour les 20 ans du siège de Sarajevo (relire ici mes réflexions d'alors), on a brièvement ressorti la Bosnie-d'Herzégovine des brumes d'indifférence dans lesquelles elle végète habituellement. On a rallumé la lumière pour constater que tout va mal, que rien n'est réglé, que rien n'a changé, et qu'il n'y a rien à faire.


lundi 7 décembre 2015

PEUT ON EFFACER DAMIR AVDIC ?

Celles et ceux qui suivent ce blog fidèlement savent qui est Damir Avdić (prononcer Avditch). Je le convoque volontiers en ces pages et j'ai traduit deux de ses chansons. Damir Avdić est, à mon sens, l'un des artistes les plus intéressants de l'espace yougoslave post-guerre, et je ne suis pas le seul à le penser. Son regard aiguisé, sans compromis, n'épargnant personne, interroge les enjeux politiques et sociaux de la Yougosphère, ainsi que ceux de notre monde en mutation. Comme beaucoup d'autres artistes ex-Yougoslaves, Damir Avdić pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses, jouant volontiers la carte de l'ironie ou du double langage, pour inciter l'auditeur à réfléchir sur ses propres choix idéologiques et sociétaux. Damir Avdić a ainsi mis des mots, sévères mes justes, sur le désarroi politique né sur les ruines de l'ancien Etat, soumis à la violence de la transition économique et à celle du nationalisme.Voilà pour un rapide résumé de l'approche artistique, car là n'est pas le propos aujourd'hui.

L'hebdomadaire Mladina révèle cette semaine que l'administration slovène  retire à Damir Avdić son permis de séjour et son statut d'artiste.

mardi 1 décembre 2015

PEACE, LOVE AND YOUGOSONIC !



Cela n’aura pas même échappé au visiteur occasionnel, ce blog a connu la plus longue pause de sa jeune existence (4 ans à peine). Plus rien n’a été posté depuis décembre dernier, et le réseau social lié au blog est lui aussi en coma sabbatique depuis le printemps. A l’heure où je reprends le clavier, remercions tout d’abord celles et ceux qui se sont émus voire inquiétés de cette absence prolongée et rassurons l’ensemble de notre estimé lectorat quant à notre santé et autres sujets de préoccupation. Je ne m’étendrai pas trop longuement sur les raisons personnelles de cette déconnexion: disons pour faire court que la «real life» était au bord de la crise de nerf depuis un moment. Cette année 2015 a donc consisté à faire une remise à plat en mode tirage de chasse d’eau. Le blog comme son excroissance facebookienne s’en sont trouvés mis en veilleuse, d’autant que ce «reset» existentiel a vu poindre en parallèle le syndrôme que connaissent occasionnellement d’autres blogueurs: le coup de la panne, la perte d’inspiration, l’impression de tourner en rond, d’avoir fait le tour, de parler de la même chose même si chaque fois d’une autre manière...