jeudi 16 juin 2011

GOTT LIEBT DIE SERBEN

Nous évoquions son oeuvre le mois dernier dans notre long décryptage de Laibach : l’artiste serbe Rasa Todosijevic (prononcer Racha Todossiyévitch) a obtenu récemment le prix Unicredit à la dernière Biennale de Venise. En pleine rédaction d’un who’s who sur l’autre Serbie, ouverte, résistante et créative (voir ici et ), Yougosonic offre un tiré à part sur cet artiste qui semble, à l’instar du groupe Slovène, incarner un questionnement social et politique fort intéressant, et visiblement propre à certains artistes de la région.

 
J’ai découvert Rasa Todosijevic, un peu par hasard, quelque part au milieu des années 90, dans un documentaire télévisé (Arte ? France 3 ? Impossible d’en retrouver trace sur le net…) consacré à la Serbie, alors sous Milosevic. L’un des reportages explorait avec pertinence la scène artistique, de la musique au théâtre, en passant par l’art contemporain, et dévoilait les compromissions intellectuelles des uns, et, à l’opposé, les interrogations et la résistance des autres. Parmi les seconds se trouvait donc Rasa Todosijevic.

vendredi 10 juin 2011

LA GRANDE SERBIE (LA VRAIE) – DEUXIEME PARTIE

Après un premier éventail il y a quelques jours ici, voici la suite de notre who’s who personnel de la Serbie qu’on aime et qu’on défend…



La scène reggae
Oui, il y une scène reggae en Serbie, et même dans toute l’ex-Yougoslavie. Théorie des climats (fort taux d’ensoleillement dans toute la péninsule balkanique) ? Nonchalance méridionale ? Pourcentage de THC dans l’herbe locale ? On tâchera un jour d’analyser ici plus en profondeur, ce qui a fait que le reggae s’est épanoui dans le paysage musical yougoslave. 

En attendant, durant le conflit et dans l’ambiance délétère de la Serbie de Milosevic, la scène reggae locale a été non seulement la dignité mais aussi la voix d’une certaine jeunesse, celle qui n’était pas d’accord avec ce qui se passait. Alors que la variété et une petite frange du milieu rock ont clairement pactisé avec les va-t-en-guerre, les rastas des bords de la Save son restés intègres, prenant au pied de la lettre les préceptes de paix et de spiritualité de la musique jamaïcaine. Même si les mantras du reggae telles que « I’n’I powa » ou « Peace, Love and Unity » peuvent faire ricaner les cyniques, elles ont été et restent une alternative pas seulement musicale, mais idéologique, au climat facho d’hier et d’aujourd’hui. 

samedi 4 juin 2011

LA GRANDE SERBIE (LA VRAIE) – PREMIERE PARTIE

L’arrestation récente de Ratko Mladic, le boucher de Srebrenica, a remis la Serbie sous le feu des projecteurs de l’actualité. Comme de juste, c’est l’occasion pour la trollosphère autosatisfaite - qui, dans son immense majorité n’a jamais rien compris aux Balkans et à leur complexité (mais va tout nous expliquer) - de pérorer entre politiquement correct « Finkielkraut stylee », et mépris pour tout ce qui grouille au sud de l’axe Lyon-Budapest, contre ses Serbes sauvages, arriérés et violents. Il est vrai, à leur décharge, que la Serbie officielle ne fait pas de gros efforts pour changer une image plus que déplorable, entre sa mollesse à combattre une des délinquances d’extrêmes droites les mieux structurées d’Europe et à chasser ses vieux démons. Sans vouloir bien sûr décharger les autorités serbes de leur responsabilité, on rappellera quand même aux donneurs de leçons que notre France civilisée n’est pas forcément mieux placée, et qu’elle ressemble d’ailleurs, de plus en plus, à la Serbie de Milosevic, mais c’est un autre débat…
 
Aux antipodes des idées reçues, il existe cependant, comme ailleurs, une Serbie qui gratte, fouille, questionne, tourne en dérision, hurle, avance, aide, bouge, décrypte, remue, provoque, se rebelle, n’accepte pas, regarde le passé et même l’avenir...On n’en parle jamais, parce que les petites frappes d’extrêmes droites qui ratonnent du supporter français sont évidemment plus bruyantes que les films ironiques de Goran Markovic (voir plus bas). Alors, pour une fois, parlons des trains qui arrivent à l’heure. Même si chez Yougosonic, les palmarès habituellement nous emmerdent, voici un who’s who, subjectif et non exhaustif, de la Serbie qu’on aime.